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legion marvel serie tv show

COUP DE CŒUR POUR L’ESTHÉTIQUE RÉTRO ET L’UNIVERS POP DE LA SÉRIE LÉGION

Alors que reprend peu à peu la diffusion de nos séries préférées, j’ai eu envie de vous parler de Légion, découverte sur OCS au printemps dernier – je ne suis pas en avance, je sais !

Dans Légion il est question de schizophrénie, du Clockworks Psychiatric Hospital, de couloirs aux airs futuristes, de patients en survêtement orange, d’un scaphandrier et de personnages coiffés de bonnets roses. Ça vous parle ? Rien de plus normal. La série, adaptée de l’univers Marvel et centrée sur le personnage de David Haller alias Légion, est une mine de références à la culture populaire, cinématographique et musicale. J’ai rapidement adhéré à cette ambiance pop, psychédélique et rétro qui permet à la série de se démarquer des adaptations Marvel précédentes.

WARNING – Sans parler de spoilers, cet article comporte néanmoins des indications quant à l’évolution de l’intrigue ou des personnages, notamment par le biais de photos. Prudence si vous n’avez pas encore vu la série !

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– UN MUTANT SUR LE DIVAN –

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La série, signée Noah Hawley, à qui l’on doit notamment l’adaptation télé de Fargo, nous plonge dans l’univers – et dans l’esprit – de David Haller, interprété par Dan Stevens (La Belle et La BêteDownton Abbey). Le jeune homme, diagnostiqué schizophrène, est interné depuis cinq ans dans un établissement psychiatrique, le bien nommé Clockworks Psychiatric Hospital, clin d’œil évident au film Clockwork Orange (Orange Mécanique). Ce n’est pas la seule allusion qui sera faite au cours de la saison 1 à l’œuvre de Stanley Kubrick mais nous y reviendrons.

La scène d’ouverture du pilote nous présente rapidement l’évolution du personnage de David : bébé souriant, enfant brillant, adolescent dépassé par les incidents qu’il provoque, adulte toxicomane. Après plusieurs années d’internement, sa rencontre avec la belle Sydney (Rachel Keller), soignée dans le même hôpital, va précipiter les événements et lui faire prendre conscience que sa schizophrénie n’est peut-être que la manifestation de capacités exceptionnelles. Ensemble ils rejoignent Summerland, un institut dans lequel la très chic Mélanie Bird (Jean Smart) accueille les personnes dotées de capacités hors du commun.

Durant 8 épisodes plus ou moins réussis – si le pilote est efficace il faudra à la série quelques épisodes pour trouver son rythme de croisière – le téléspectateur navigue entre illusion et réalité, apprend à connaître David, son histoire et ses capacités, et assiste à son combat contre ses propres démons. Surprise !, la série relève davantage d’un thriller psychanalytique à lectures multiples quand l’univers des super-héros nous avait jusqu’alors habitués à des récits à prendre au premier degré.

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– UN HOMMAGE AU CINÉMA ET À LA CULTURE POP –

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legion chapitre episode scaphandrier

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Sans mauvais jeu de mots, les références à la culture populaire sont légion dans la série de Noa Hawley. Parmi les plus évidentes on note celles à l’univers de Kubrick, qui se manifestent dès les premières minutes du pilote par le nom de l’institut dans lequel le héros est interné (le Clockworks Psychiatric Hospital) et par son traitement qui renvoie à la tentative de réhabilitation d’Alex DeLarge dans A Clockwork Orange (Orange Mécanique). Les décors parfois futuristes et l’apparition d’un scaphandrier évoquent 2001 : L’Odyssée de l’Espace, tandis que les plans en perspective des couloirs de l’hôpital qui semblent sans fin et l’utilisation d’une lumière rouge ou de la couleur rouge en général lorsqu’il est question de danger ou des pouvoirs de David nous rappellent les scènes les plus angoissantes de Shining.

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legion tv show kubrick

©Chris Large | FX

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C’est ensuite à Wes Anderson que Noa Hawley emprunte ses couleurs saturées et son esthétique vintage et totalement barrée. Avec leurs survêtements marron et orange, les patients du Clockworks Psychiatric Hospital semblent tout droit sortis de La Famille Tenenbaum, et les bonnets roses des employés de La Division 3 (une organisation gouvernementale qui en a après notre héros) sont similaires à ceux portés par Bill Murray et son équipe dans La Vie Aquatique.

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legion serie survetements

©Michelle Faye | FX

legion danse dance scene bollywood

Photos ©Michelle Faye | FX

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Notons que Noah Hawley emprunte également à Stanley Kubrick et Wes Anderson l’organisation de l’histoire sous forme de chapitres. (Chaque épisode correspond à un chapitre.)

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legion monstre aux yeux jaunes

©Frank Ockenfels | FX

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L’ombre de l’œuvre de David Lynch plane elle aussi sur la série. Rien d’étonnant puisque l’on navigue constamment entre plusieurs univers. Le réalisateur peut dès lors se permettre toutes les fantaisies et tous les délires pour illustrer cette confusion entre réalité, illusions, souvenirs et même plan astral. Le futurisme froid de Kubrick et l’image 70s à la Wes Anderson se trouvent confrontés à une mise en scène décousue à laquelle David Lynch nous a habitués, étrange et angoissante, qui traduit parfaitement la confusion du héros qui ne parvient plus à distinguer le rêve de la réalité.

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Katie Aselton legion

©Frank Ockenfels | FX

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Au-delà de cette dualité rêve / réalité, le thème de la mémoire et de l’introspection est prépondérant dans Légion et il est difficile de ne pas penser à l’Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry lorsque les compagnons de David Haller tentent d’accéder à ses souvenirs refoulés et de percer le mystère qu’ils renferment.

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legion

©Michelle Faye | FX

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Cette « enquête » est par ailleurs rendue possible grâce à Ptenomy (Jeremie Harris) et à son pouvoir de naviguer parmi les souvenirs d’une personne, une capacité qui n’est pas sans rappeler celle des héros d’Inception. La scène « de la cuisine », dans laquelle David Haller fait voler en éclats tout ce qui se trouve autour de lui, évoque en outre les plans au ralenti et autres arrêts sur image du film de Christopher Nolan.

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legion kitchen scene ralenti

©FX

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Le personnage Mélanie Bird est à lui seul un hommage à Alfred Hitchcock, l’héroïne des Oiseaux (The Birds) qu’incarnait Tippi Hedren s’appelant elle-même Mélanie.

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legion melanie bird

©Frank Ockenfels | FX

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Ajoutez à cela des clins d’œil plus ponctuels à Poltergheist (objets volants, scène de la cuisine), aux génériques des James Bond (danse de Lenny, en noir sur fond rouge), à Matrix (épisode 7) ou encore aux films muets tels Le Monstre du Cabinet du Docteur Caligari, et vous obtenez l’ode à la pop culture et au cinéma des années 70 à 90 qu’est Légion.

Enfin, s’il n’est jamais question du Professeur X et de ses mutants, nombre d’éléments propres à l’univers des X-Men sont repris dans Légion. L’institution dirigée par Mélanie Bird, et dans laquelle David Heller et Sydney Barrett trouvent refuge, renvoie bien évidemment à l’Ecole de Charles Xavier. Et force est de constater que la lettre X se retrouve dans plusieurs éléments du décor (les fenêtres de Summerland, les roues d’un fauteuil roulant dont l’image apparaît dans l’un des souvenirs de David). Enfin, l’impossibilité de Sydney à établir des contacts physiques sans causer blessures ou autres catastrophes nous rappelle le personnage de Malicia.

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–  UNE ESTHÉTIQUE RÉTRO POUR UNE TEMPORALITÉ INCERTAINE –

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Aucune précision n’est apportée quant à l’époque durant laquelle se déroule l’action. Le spectateur est volontairement laissé dans le flou et il comprend rapidement qu’il ne peut pas faire confiance aux personnages qui apparaissent à l’écran pour le renseigner dans la mesure où ils ne sont peut-être que des projections de l’esprit de David. Le point de vue narratif de la série n’est donc pas fiable. Outre les décors et les costumes, plusieurs indices laissent penser que l’action prend place dans les années 1960/1970, toutefois chaque épisode apporte son lot d’informations contradictoires et d’anachronismes. Le lieu-même dans lequel se déroule l’action n’est pas dévoilé.

Cette incertitude ne m’a pas empêchée d’apprécier d’adorer l’esthétique globalement rétro de Légion. Certes je continue de m’interroger sur les incohérences (volontaires sans doute) notamment dans le récit de la vie du couple Mélanie / Oliver. Mais je ne tenterai pas ici de situer l’action dans le temps ou l’espace et m’intéresserai uniquement à l’ambiance et l’esthétique de la série.

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Les costumes ont leur importance, certains personnages sont d’ailleurs associés à une couleur que l’on retrouvera dans chacune de leurs tenues. David et les autres patients du Clockworks Psychiatric Hospital portent des survêtements aux couleurs chaudes, typiques des années 1970, brun et orange en tête. La couleur des bandes latérales de leurs vestes varie, semble-t-il, selon l’importance de leurs troubles psychiques : ainsi les bandes en question sont blanches sur la tenue de Sydney, jaunes sur celle de David, carrément rouges sur celle de Lenny – ce qui est plutôt mauvais signe pour sa santé mentale !

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legion sydney barrett look

Photos ©FX

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On retrouve cette touche rétro tout au long de la saison dans les tenues de Sydney : manteau aux couleurs pop, jupe trapèze, bottes vinyles… La jeune femme porte toujours du noir ainsi qu’un vêtement ou un accessoire orange.

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costumes legion vintage

Photos ©FX

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Chacun des personnages arbore un look propre à une époque. Avec ses cheveux au carré crêpés, ses tailleurs sages et ses sacs classiques ou minaudières, le vestiaire de la sœur de David est le plus connoté années 1960, voire fin 1950. Les tenues sophistiquées de Mélanie Bird, toujours déclinées dans un camaïeu de beiges, évoquent les héroïnes hitchcockiennes des années 1960. Coupe mi-longue à frange, pantalon pattes d’eph’ et chemise en satin : Oliver, le mari de Mélanie Bird cryogénisé depuis 21 ans, arbore un look fin 1970, disco au possible.

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cary oliver legion ice cube

©FX

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Le cube de glace dans lequel Oliver vit depuis 21 ans (sur un plan astral) est d’ailleurs aménagé selon les tendances de l’époque (boule à facettes, tourne-disques et fauteuils, table et luminaires 1970s). L’aspect de ce cube bleu glacier et son aménagement intérieur incarnent parfaitement cette dualité chaud/froid, vintage/futuriste, omniprésente dans l’esthétique de la série.

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Car les costumes ne sont pas seuls responsables de cette ambiance rétro, les décors comme la bande son y contribuent grandement. Comme précisé précédemment, l’esthétique de la série est directement inspirée de l’univers vintage et barré de Wes Anderson et de celui, plus froid et plus inquiétant, des films réalisés par Stanley Kubrick durant les années 1970.

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legion hospital office

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L’hôpital en est un autre exemple : les couloirs et autres parties communes ont en effet des airs futuristes, tandis que le bureau dans lequel les patients s’entretiennent avec leur psychiatre évoque plus volontiers les années 1970 : moquette au sol, rideaux orangés, fauteuils vert d’eau, secrétaire vintage.

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legion summerland

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Même constat du côté du refuge dirigé par Mélanie Bird, Summerland. Le mobilier années 1960/1970 de son bureau côtoie des éléments décoratifs d’inspiration asiatique tandis que, là encore, les parties communes sont plus futuristes : immense façade vitrée, scénographie semblable à celle d’un musée.

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Enfin, la musique finit de planter le décor : Noah Hawley et Jeff Russo (compositeur) ont pioché parmi les tubes de rock psychédélique pour composer la bande-son de Légion et le résultat est réjouissant, depuis Happy Jack qui rythme la scène d’ouverture du pilote à Dark Side Of The Moon dans le dernier épisode.

Ce ne sont d’ailleurs pas les références à Pink Floyd qui manquent dans cette première saison. À l’instar du fondateur du groupe, l’héroïne de la série s’appelle Syd Barrett, et David arbore à plusieurs reprises un tee-shirt floqué d’un triangle qui rappelle le prisme du logo des Pink Floyd. Dark side of the moon plane sur la série et le choix est doublement judicieux : non content de coller à l’ambiance 1970s de la série, l’album aborde en outre le déclin de la santé mentale, un thème tout à fait à propos. Gainsbourg, Lennon, T-rex ou encore les Rolling Stones comptent également parmi la bande-originale de la série.

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– EN BREF –

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Bien qu’issue de l’univers Marvel, Légion casse les codes du genre et n’a de super-héroïque que son statut d’adaptation. A l’image du Logan de James Mangold sorti en début d’année et malgré les quelques allusions faites aux « mutants » dans les premiers épisodes, néophytes ou spectateurs étrangers à l’univers Marvel pourraient facilement passer à côté de l’héritage comics de la série. L’accent est mis sur une esthétique rétro ultra travaillée, qui contribue à instaurer une atmosphère unique. Vous l’aurez compris, l’intérêt de Légion réside principalement dans le traitement – esthétique comme narratif – inédit de l’intrigue.

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