Je vous propose aujourd’hui de faire le point sur trois tendances slow life dont on a beaucoup entendu parler au cours des dernières saisons. Car force est de constater qu’en matière d’Arts de vivre, les années 2010 ont été riches en (re)découvertes, révélations et autres nouveautés ! Les Danois se sont décidés à nous confier leur secret pour rester en tête du classement des pays les plus heureux de la planète (rien que ça!), Julia Chaplin a mis un nom sur l’art de vivre Gypset, et le couple Williams nous en a pondu un nouveau, le Kinfolk. Si l’esprit Gypset se distingue par la sophistication qu’il emprunte aux sphères de la jet set (est-il nécessaire de rappeler la contraction : gypsy + jet set = Gypset), ces trois arts de vivre partagent néanmoins l’envie de ralentir le rythme (slow life).
Petit récap’ pour déterminer quel style est le vôtre !
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HYGGE, LE PLUS DOUILLET
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Photo ©istock via madame.lefigaro.fr
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Le Hygge est à mon sens le plus tourné vers l’intime. Il invite à se concentrer sur le moment présent et à apprécier ces petits riens qui, si on leur accorde l’attention qu’ils méritent, égayent le quotidien.
Prendre soin de soi et de son intérieur est au cœur de cet art de vivre, dont l’image la plus représentative (recherche Google Images à l’appui) reste la dégustation d’un chocolat chaud fumant devant un feu de cheminée qui crépite (ou sur un rebord de fenêtre équipé de coussins moelleux, parce que tout le monde n’a pas la chance de posséder une cheminée, a fortiori une cheminée qui fonctionne), les pieds couverts d’épaisses chaussettes de laine. Les bougies, les pulls à motifs qu’arbore Sarah Lund durant les trois saisons de The Killing, les peaux de mouton ainsi que les plaids douillets sont largement plébiscités. La consommation de pâtisseries et autres douceurs (sans culpabilité aucune, sinon ça ne fonctionne pas) est quant à elle recommandée.
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Photo via visitdenmark.fr
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Photo : Pinterest
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S’il est difficile à traduire et à expliquer, le Hygge, décrypté par Meik Wiking dans son Livre du Hygge, évoque facilement un environnement cosy, chaleureux, et des moments de partage en famille et entre amis, à mille lieues de la frénésie des réseaux (pas si) sociaux et des diktats d’une société de surconsommation en évolution constante.
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Photo via livingforpretty.com
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Si vous supportez le rythme trépident de la vie citadine mais avez besoin de déconnecter dès la fin de l’après-midi,
Si vous aimez passer l’après-midi au chaud chez vous à regarder par la fenêtre tomber la pluie (mieux, la neige), une tasse de thé à la main,
Si vous aimez prendre soin de votre intérieur et le décorer d’objets aussi adorables qu’imparfaits créés par vos petites mains,
Si vous aimez l’hiver, les fêtes de Noël, les gros pulls en tricot et les chaussettes qui montent jusqu’aux genoux,
Si vous aimez les chocolats chauds, l’odeur de la cannelle et la lueur des bougies,
Si vous aimez passer vos soirées sous un plaid devant une série télé ou organiser chez vous des dîners avec vos plus proches amis,
Alors vous êtes « Hygge » !
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Chaussettes en laine, L’Atelier Scandinave, 18€ – Plaid 100% laine, La Trésorerie, 80€ – Le Livre du Hygge, de Meik Wiking, Fnac, 14,95€ – Bougie, Sézane, 35€ – Pull jacquard, La Redoute, 49,99€ 20€ – Thé vert et Oolong, amandes et épices « Thé des Fêtes », Palais des Thés, à partir de 8,50€ les 100g – Coffret théière + deux tasses, Maisons du Monde, 16,99€ – Bougeoir en acier émaillé, La Trésorerie, 12,90€ – Pantalon de jogging, American Vintage, 70€
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KINFOLK, LE PLUS CHAMPÊTRE
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Le Kinfolk surfe sur cette tendance « slow Life » ou « bien vivre bien manger » et pourrait presque être perçu comme le pendant américain du Hygge. Il a en effet vu le jour Outre-Atlantique en 2011, lorsque Nathan Williams et sa compagne Catherine ont lancé un magazine éponyme, sorte de manifeste d’un mouvement qui doit davantage son développement fulgurant au succès des ateliers culinaires Kinfolk organisés en parallèle des publications. Six ans, vingt-quatre magazines et un livre plus tard, le Kinfolk a largement dépassé le million de hashtags sur Instagram.
Malgré un objectif similaire, le Hygge invite à apprécier l’instant présent, quand le Kinfolk préfère puiser son inspiration dans le passé, vantant notamment les mérites de la culture Amish et d’une vie à la campagne fantasmée, figurée par une succession de fêtes de village.
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Photo via lesothers.com
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Le Hygge permet d’échapper temporairement aux agressions d’une société évoluant à cent à l’heure, essentiellement au moyen d’un home sweet home protecteur et douillet, de petits plaisirs et de moments de partage avec les proches. Il compose donc avec cette société dont il faut certes savoir se déconnecter, tandis que le Kinfolk, plus radical, semble la rejeter. On en revient à cette image de communauté Amish vivant en autarcie, et à la simplicité d’une vie champêtre idéalisée. Idéalisée, car l’austérité qui devrait naturellement émaner d’un art de vivre soi-disant passéiste et rustique est vite tempérée par le souci accordé par ses adeptes à leur intérieur, leur garde-robe et leur assiette. En témoignent les images les plus représentatives du mouvement Kinfolk : de grandes tablées, d’inspiration champêtre certes mais du reste ultra étudiées, qui empruntent au style scandinave une vaisselle en porcelaine ou terre cuite et une palette de tons neutres et aux tendances industrielle et/ou vintage l’emploi systématique d’une table en bois brut ou de récupération patinée par le temps. Si vous suivez l’actualité en matière de décoration de mariage (en particulier chez nos amis anglo-saxons) vous n’aurez aucun mal à visualiser ces tablées, elles sont légions depuis quelques années. Le contenu de l’assiette a également son importance : du simple toujours, mais du bon, du bio, du locavore. La « malbouffe » est l’ennemi numéro un avéré du Kinfolk.
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Photo © Erin Kunkel via Studio Choo
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Photo © Studio Choo
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Photo via mademoiselleclaudine
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Je suis très sensible à cet esprit mais je pourrais lui faire le reproche suivant : faire aussi simple devient compliqué ! Et bien qu’il jouisse d’une esthétique plus épurée, j’associe volontiers le mouvement Kinfolk à la tendance Hipster, en clair un mouvement qui prône la simplicité, rejette beaucoup de choses, mais se complique finalement beaucoup la vie ! Quant à la grande table en bois brut j’en rêve depuis des années mais faute de budget elle reste hors de ma portée (Vous avez vu le prix du bois de grange, par exemple ?)
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Photo : Pinterest
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Si vous rêvez d’une vie à la campagne, rythmée par les repas entre amis et voisins,
Si vous aimez les ambiances champêtres, les tables fleuries, les matières brutes telles le lin, le coton ou le chanvre, et le bruit d’un plancher en bois qui grince,
Si vous en avez assez de prendre part à une société qui pousse toujours plus à la consommation et rêvez de cultiver votre propre potager,
Si vous ne voulez pas pour autant renoncer à votre style ultra pointu en matière de mode et de design,
Alors vous pourriez bien être « Kinfolk » !
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Broc en tôle émaillée, Maison Empereur, 20,90€ – Couverture 100% pure laine mérinos, Neëst, 240€ – The Kinfolk Home, de Nathan Williams, Kinfolk, 35$ – Brosse à légumes, Neëst, 19,90€ – Drap en lin lavé, 270×320 cm, Maison Empereur, 128,40€ – Robe en toile de lin fabriquée en France, Agnès B., 180€ – Fleurs, Peonies – Pileas peperomioides, Bergamotte, à partir de 35,90€ – Table en sapin massif, Made, 749€
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GYPSET, LE PLUS SOPHISTIQUÉ
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Photo via granplazablog.com
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Toujours pas convaincu ? Peut-être vous reconnaîtrez-vous davantage dans la dernière tendance au programme, et pas des moindres, le style Gypset.
Cet art de vivre ne date pas d’hier mais ce n’est que récemment que Julia Chaplin, journaliste américaine travaillant notamment pour Vogue et Condé Nast Traveler, a mis un nom dessus, enrichissant une terminologie bohème déjà bien complexe. Contrairement aux adeptes du Hygge (ou dans une moindre mesure du Kinfolk), les gypsetters forment une tribu bien identifiée. On appelle parfois « nomades 2.0 » ou « néo-hippies » ces nantis qui, à des degrés d’implication variables, optent pour une vie hippie sans pour autant renoncer au confort et à la sophistication que leur budget leur permet.
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Photo : © Romain Ricard
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Photo : © Madam Stoltz
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Mais bien que jouissant d’un compte en banque bien rempli (il faut bien financer cette vie nomade), les gypsetters fuient les lieux de villégiature clinquants, connotés « VIP » (Oui, Saint Barth peut se sentir visée) ou encore « tourisme de masse », et leur préfèrent des adresses plus confidentielles, mais toujours très chic (Montauk et Marfa aux Etats-Unis, Cornwall en Angleterre, Tulum et Puerto Escondido au Mexique, Hydra en Grèce). De même, s’ils délaissent les palaces pour des logements moins conventionnels (cabanes, roulottes, yourtes), ils ne renoncent pas pour autant au grand luxe ni aux décors de rêve !
Côté look, le style gypset prône l’authenticité et dans l’idéal les pièces uniques sont préférées à celles griffées qui couvrent les pages des magazines de mode. Mais ne nous y trompons pas, les petites sandales en cuir faites main que la gypsetteuse aura dénichées à Marrakech lui aura coûté l’équivalent d’une paire de Jimmy Choo en soldes.
Côté décoration intérieure, le gypsetter mise une fois de plus sur l’originalité d’un mobilier chiné ou d’accessoires faits mains, et sur l’authenticité de pièces uniques et d’objets d’art dénichés lors de voyages. Tout évoque l’artisanat, l’évasion et l’ouverture sur le monde.
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Photo : © Maisons du Monde
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Si vous profitez de vos vacances pour vous échapper avec votre tribu (famille, amis) vers des destinations confidentielles dont le capital « branchitude » n’a d’égal que leur inaccessibilité,
Si vous privilégiez les matières belles et naturelles (cuir, coton, lin),
Si vous aimez lézarder au soleil, dans un hamac en crochet ou sur une terrasse décorée de mobilier en rotin et de coussins colorés,
Si vous projetez de vendre votre appartement pour investir dans un combi Volkswagen et mettre le cap sur Tulum,
Si vous avez Saint Tropez en horreur,
Si les photos de tentes toutes en voilage qui abritent un amas de coussins à pompons et accueillent de fastueux repas sur la plage vous donnent envie de tout quitter,
Vous avez l’âme d’un Gypsetter !
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Tissage mural, Maisons du Monde, 22,99€ – The New Bohemians, by Justina Blakeney, Fnac, 27,49€ – Tapis, Lorena Canals, 172€ – Livre, Gypset – Carafe peinte à la main, Moda Operandi, 606€ – Pochette Antik Batik, 190€ 95€ – Jupe longue en coton et soie, Chloé, Net-à-Porter, 2050€ – Kimono à franges, The Kooples, 295€ – Coussin, Good Design Store, 45€ – Sandales, Antik Batik, 175€ 87,50€ – Coussin à franges, Le Petit Souk, 29€
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Quelle tendance correspond le plus à vos envies ?
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Photo de couverture via nouvelobs.com
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